Tous les muscles de son corps étaient endoloris, fatigués, tendus. Bien que les muscles de ses bras, ses biceps en particulier, donnaient l’impression qu’ils pourraient céder à n’importe quel instant s’il n’arrêtait pas dans les prochaines secondes, il s'archarnait, continuant son effort. La sueur perlait sur son front. Parfois, quelques gouttes glissaient lentement le long de son visage tandis que son chandail qui, une demi-heure plus tôt, était gris pâle abordait maintenant une couleur nettement plus foncée à plusieurs endroits tels que le dos, la poitrine, les bras et les côtes. Les cris d’encouragement des entraîneurs, les amis qui parlaient et riaient entre eux, les rugissements provoqués par un effort physique, … tout ces bruits qui entourait Taylor ne l’affectait pas. Fixant sa propre réflexion dans le miroir alors qu’il continuait son entraînement, tous ces bruits ambiants sonnaient tel un bourdonnement à ses oreilles. Parfois, on venait le sortir de ses pensées. La plupart du temps, il s’agissait de quelques filles qui venaient lui demander un autographe ou bien s’il était bel et bien Tim Riggins de la série dramatique pour adolescents intitulée Friday Night Lights. Il tâchait toujours de se montrer le plus sympathique possible, il acceptait de prendre une photo en compagnie des dames via leurs appareils cellulaires. Taylor n’avait rien contre les fans, au contraire, mais il appréciait aussi avoir une vie privée. C’est pourquoi il avait une maison à Vancouver. Là-bas, les gens le reconnaissaient, mais ils étaient plus respectueux. Comme s’ils comprenaient qu’il venait ici pour se ressourcer et vivre dans un environnement paisible avant de retourner dans la folie des médias comme c’était le cas à Hollywood. Quand il eut terminé sa séance quotidienne d’entraînement, il prit une douche, salua les employés du gym et grimpa à bord de son véhicule ; une bonne vieille voiture d’époque, une Chevelle SS de Chevrolet. Un quart d’heure plus tard, il pénétrait dans son condo, plus ou moins grand, relativement décoré, mais ça lui convenait amplement. La propriété qu’il habitait à Austin, au Texas, lors des tournages de Friday Night Lights était mieux que celle-ci et pourtant il payait celle-ci bien plus cher. Jetant un coup d’œil par-dessus son épaule, Taylor remarqua qu’il ne lui restait que peu de temps pour se rendre à son ‘rendez-vous’ avant d’être considéré en retard. Machinalement, il passa une main dans ses cheveux qui étaient encore humides. Tandis qu’un petit sourire amusé se traçait sur ses lèvres, il se rappelait ce que sa mère lui répétait depuis des années déjà : « Tu devrais faire couper tes cheveux. Tu vieillis et les gens vont croire que tu refuses d’accepter ton âge. » La vérité est qu’il portait ses cheveux à cette longueur depuis si longtemps qu’il avait peine à s’imaginer avec une autre coiffure. Apparemment que c’est dans cette coiffure que réside tout le charme de Tim Riggins. Peut-être que son charme à lui aussi redisait dans cette coiffure… L’image mentale de Minka ou plutôt l’image de Lyla passant tendrement sa main dans la chevelure de Tim rappela à Taylor que cette dernière, Minka, l’attendait. Un sentiment d’incertitude s’empara du jeune homme alors qu’il passait devant un miroir. Il ne savait jamais comment se vêtir, peut-être la situation. D’autant plus que Minka était resplendissante peut-être ce qu’elle portait ; de la robe de soirée à la tenue de jogging en passant par la petite robe d’été, … Tout lui allait comme un gant. Taylor se résigna et enfila un t-shirt blanc suivi d’un t-shirt noir, une paire de jeans et des chaussures confortables. Préférant la marche à sa voiture, il mit plus de temps à arriver ce qui le força à arriver en retard de quelque dix minutes. Arrivé au pont, il ne put retenir ce sourire béat de prendre place sur ses lèvres. Elle était là, sur le rebord du pont, à danser insouciamment tandis que ses cheveux et sa robe blanche virevoltaient étant sous l’emprise de la brise fraîche et agréable. Taylor, sans l’avertir de sa présence, prit place près d’elle en s’assoyant sur le rebord du pont. Quand elle chanta les paroles de cette chanson qu’il adorait depuis toujours, son sourire s’élargit, dévoilant sa dentition.

TAYLOR ▬ « Tu ne devrais pas chanter un tel classique, avec ta voix, ça ruine toute la beauté de la chanson. »

Taylor rit, de bon cœur. Il leva les yeux vers son amie, sa collègue, une personne extraordinaire qui réuissait à faire douter Taylor de tant de choses y compris ses propres sentiments. Il avait levé les yeux au même moment que la brise avait soufflé sur Minka faisant ainsi levé gracieusement sa robe, dévoilant quelque peu ses cuisses. Taylor baissa les yeux tandis qu’un sourire niais prit place sur ses lèvres, heureux que ses lunettes teintées empêchent la belle brunette de voir l’endroit que ses yeux observaient.

Quand il avait marché pour se rendre au pont, à chaque pas qu’il faisait, Taylor sentait un sentiment d’anxiété s’emparer de son état calme et serein habituel. Il ne désirait pas faire attendre Minka. Pas qu’il croyait qu’elle était déjà là-bas depuis des heures à se languir de le voir, de lui parler, de pouvoir le toucher d’un simple geste amical qu’aucun ami ne devrait réellement remarquer tellement ce geste est anodin et sans arrière pensée, mais auquel lui se serait fait le plaisir d’imaginer à ça beaucoup plus que de l’innocence. Peut-être un peu de passion ou de désir étouffé par la peur de perdre un ami. Mais certainement pas quelque chose de platonique. Lui qui, d’ordinaire, parvenait si facilement à interpréter les sourires ou les regards des gens de son entourage, il ne parvenait à rien quand venait le temps d’analyser le fond de la pensée de Minka. Peut-être que ce qui attirait autant Taylor chez elle était justement ce côté mystérieux, le fait qu’il était pleinement conscient qu’elle pouvait le surprendre à tout moment. Depuis leur rencontre, elle n’avait jamais cessé de le surprendre et le sourire qu’elle afficha quand elle ouvrit les yeux constatant son arrivée parvint à déstabiliser Taylor une fois de plus.

MINKA ▬ « Tu arrives en retard, et tu te permet de me faire une remarque au sujet de ma voix. Ce n'est pas le comportement digne d'un garçon bien élevé. »

TAYLOR ▬ « J’ai toujours cru que c’était ce que tu aimais le plus chez moi, mon côté mal élevé. »

Après avoir dit ces quelques mots, il leva les yeux vers elle, la fixant. Il était à la recherche du moindre signe ou indice qu’elle aussi pouvait ressentir ces palpitations quand son regard était plongé dans le sien ou bien ce frisson quand, par incident, sa main frôlait son bras, sa main ou sa cuisse. Elle restait toujours de marbre. Puis, elle renseigna sur la raison de son retard. Taylor pris quelques secondes afin de réfléchir à sa réponse hésitant entre une blague ou la vérité. La vérité était qu’il ne savait pas comment se vêtir. Préférant se sauver d’un petit embarras, Taylor opta pour la blague. Il jeta un coup d’œil à Minka, un étincelle à l’œil, désirant sembler le plus crédible possible. Il s’arma de son ton le plus sérieux et prit parole ;

TAYLOR ▬ « J’ai rencontré cette fille hier, Anna. On a bu quelques verres, puis on a en a prit quelques uns de trop… Tu t’imagines la suite. Je ne croyais pas qu’elle serait encore là à mon réveil, mais j’avais tord… Si tu l’avais vue. Elle était magnifique. Non, sublime. Silhouette menue, à en faire rêver plus d’unes, de longs cheveux brun chocolat, un regard hypnotiseur, un sourire intriguant et invitant et sa voix, douce et mielleux, qui te reste en tête, à hanter tous tes rêves la nuit. Oh. Attend, je suis en train de te décrire. »

Après avoir terminé son récit fictif, Taylor offrit un clin d’œil à Minka. Eventuellement, son sourire s’élargit de secondes en secondes, laissant la jeune femme deviner qu’il plaisantait. La chose que Taylor préférait dans l’humour, c’était le fait qu’il pouvait, à sa guise, dire toute la vérité. N’importe quelle vérité puis, tout bonnement, rire et prétende blaguer, prétendre de ne pas croire un seul mot de ce qu’il venait de dire. Pourtant, c’est bien connu : dans chaque blague, réside un fond de vérité. Voyant son amie replacer quelques mèches de ses cheveux au parfum enivrant dont quelques effluves venaient, promenées par le vent, jusqu’aux narines de Taylor, il décida de tendre la main afin de l’aider avec une mèche qui, aidée par la brise, s’enfuyait des doigts de Minka. Il plaça la mèche derrière son oreille, laissant ses doigts effleurer peut-être un brin trop longtemps le visage de la belle, sa tempe, sa joue et, finalement, sa mâchoire.

MINKA ▬ « Alors ... Ta journée ? »

TAYLOR ▬ « Oh. Tu sais… Semblable à celle de hier et, probablement, pareille à celle de demain. Heureusement que j’avais notre petit rendez-vous pour me sortir de cet ennui… La tienne ? »