Jensen avait dormi pendant tout le trajet sur la banquette arrière de la voiture, tandis qu'Evangeline conduisait prudemment et se conduisait comme un véritable ange gardien, ange gardien quelque peu sadique parfois, mais n'avait-elle pas d'excellentes raisons de l'être? L'acteur avait fait fort cette fois-ci. En espèrant qu'aucun paparazzi dans les parages n'ait eu l'occasion d'immortaliser ses exploits. Il avait eu une réelle chance de tomber sur l'actrice. D'autres n'auraient probablement pas supporter Ackles dans un état aussi pitoyable.

Une fois arrivés à destination, Evie n'eut pas à réveiller Jensen, qui s'était étonnement levé comme un grand garçon. Ca relevait effectivement du miracle. Elle dut tout de même l'aider à marcher afin qu'il ne trébuche pas ou qu'il n'aille pas se planter dans le décors. Il en profita pour humer une dernière fois l'odeur envoûtante des cheveux d'Evangeline. L'actrice l'accompagna jusqu'au canapé, où Jensen se laissa tomber sans protestation. Il s'endormit aussitôt, ne tardant pas à ronfler. Il ne ronflait jamais en temps normal, mais seulement lorsqu'il avait quelques verres dans le nez.



C'est avec difficulté que l'acteur entrouvrit les yeux, et fut ébloui par la lumière du jour. En effet, la pièce était lumineuse, bien trop lumineuse, pour cette matinée. Un mal de crâne atroce s'était manifesté dès son réveil. Une délicieuse odeur de pancakes lui titilla l'odorat. Il posa une main sur son front, et tenta de se redresser sans grand succès. Il abandonna cette idée chevaleresque aussitôt, préférant s'adonner à un long réveil en douceur. Pancakes. Pancakes. Pancakes. Il savait qu'il s'agissait de pancakes, et ce grand gourmand ne se trompait que rarement. Seulement, il n'avait pas faim du tout.

Lorsqu'il ouvrit enfin les yeux, il fronça les sourcils en une moue hilarante. Visiblement ébahi, il sembla chercher des points de repère. Il scruta la pièce du regard pendant quelques secondes. Il n'était pas chez lui, et il ne connaissait visiblement pas cet endroit. Il se redressa pour se retrouver assis dans le canapé. Il se leva enfin avec minutie, et marcha jusqu'à la fenêtre face à lui. Il tenta de se repérer, mais rien n'y fit. Il ne savait vraiment pas où il était. Il porta ensuite son attention à sa tenue. En effet, il portait toujours les vêtements de la veille. Une grimace se dessina sur son visage blême. En effet, Jensen ne semblait pas au plus haut de sa forme. Il se souvenait vaguement de sa soirée, sans plus. Il ne se souvenait pas du pire.

Il se décida à explorer l'endroit inconnu, sans grande conviction, suivant l'odeur de pancakes. Il entra dans la pièce d'où provenait le fumet, qui se trouvait visiblement être la cuisine. Il tomba alors sur la silhouette d'Evangeline, qui se trouvait être de dos, en train de préparer ce qu'il avait reconnu plus tôt. Avant que celle-ci n'ait eu le temps de se retourner, Jensen lança d'un ton qui se voulait enjoué, mais qui ne l'était pas vraiment en fin de compte, vu sa gueule de bois :

«Nous n'avons pas coucher ensemble cette nuit? Si?»

Evangeline avait à peine fermé l’œil de la nuit. En garant son automobile devant le petit portillon, elle pensait avoir une nouvelle épreuve à surmonter : celle de traîner le grand dadet qui était sur la banquette arrière à se traîner jusqu’à son salon. A sa grande surprise, il se plia docilement à ses conditions et c’est en suivant ses mouvements qu’il entra à l’intérieur de l’antre d’Evangeline. Elle ne put se retenir de frissonner en sentant le visage de l’acteur dans ses boucles chocolatées. Elle se reprit bien vite et ne le ménagea pas lorsqu’ils arrivèrent au salon. Elle pensait avoir le temps de déplier le canapé et de lui préparer un lit de fortune mais apparemment, il n’était pas de cet avis et entra immédiatement au pays des rêves. Exténuée mais rassurée de ne pas l’avoir laissé dans l’espèce de trou dans lequel il se plaisait à enfiler verre sur verre, Evie monta à l’étage et prit soin de se doucher avant de s’écrouler dans son lit. Son esprit était bien trop ailleurs pour remarquer l’absence de Dominic dans le lit…

Le sommeil était là, il pesait lourd sur ses paupières mais rien n’empêcha la jeune femme à se réveiller trois ou quatre heures après son coucher. Passant ses doigts fébriles sur ses paupières et ses temps, Evie tenta de se remémorer pourquoi elle était si fatiguée… Ne trouvant pas la raison, elle sortit de son lit et enfila sa robe de chambre dont le tissu, soyeux et frais à la fois, la faisait frissonner lorsqu’elle le passait. Elle descendit les escaliers et c’est en passant les doigts dans ses boucles qu’elle arriva dans la cuisine. Sur le frigidaire, un post-it en forme de cœur avait été collé. Elle le décolla et le lit à voix haute tout en se dirigeant vers la cafetière qu’elle mit en route et, de l’armoire à ustensiles, elle sortit une poêle. « Je suis partit hier soir voir nos amis sans toi, puisque tu n’arrivais toujours pas. J’espère que tu rentreras bientôt et que tu me passeras un coup de téléphone… A demain, Dom’ » Les sourcils de la belle rescapée se froncèrent en observant le petit signe en forme de cœur que Dominic lui avait dessiné. Elle jeta le morceau de papier à la poubelle alors qu’elle sortait tous les ingrédients nécessaires pour se faire des pancakes.

Evie savait pertinemment que Dominic n’allait pas rentrer aujourd’hui. Cela la rassurait plus qu’autre chose. Au moins, elle n’aurait pas à hurler à travers toute la même tout ce qu’elle pensait du comportement de son conjoint depuis quelques temps. Elle allait pouvoir passer une journée paisible, à se relaxer dans un bon bain, à se préparer son plat préféré et à regarder des DVDs toute l’après-midi ! Mais si la jeune femme était sereine, elle avait la curieuse impression d’avoir oublier quelque chose…

«Nous n'avons pas couchés ensemble cette nuit? Si?»

En entendant la voix pâteuse et inconnue, Evie hurla de toutes ses forces en empoignant la poêle alors brulante, renversant à terre le premier pancake qu’elle faisait chauffer. Le jeune homme recula de quelques pas sous la surprise et c’est avec difficulté –surtout coincée par une montée d’adrénaline- qu’Evangeline reconnut l’acteur Jensen Ackles… avec une sacrée gueule de lendemain de cuite. Maintenant, elle se rappelait les évènements qui avaient précédés la veille… ou du moins quelques heures auparavant. Ses amies l’avaient emmenée faire la tournée des bars pour fêter son retour dans la ville des Anges et elle avait trouvé l’acteur se saoulant seul au comptoir d’un bar miteux.

« Non… votre sex-appeal n’est pas celui que je peux observer à la télé… Je coucherai sans doute avec Dean Winchester… Pas avec vous ! »

C’est en tentant de contrôler les tremblements de sa main que la jeune héroïne reposa le poêle sur la plaque électrique et prit un morceau d’essuie-tout pour ramasser le pancake mort à terre. Elle jeta un regard assassin à Jensen afin de lui rappeler que c’était à cause de lui que son pancake était foutu et c’est avec autant de souplesse qu’elle lui servit une tasse de café et la posa sur le petit comptoir, l’invitant ainsi à venir s’installer. « Je vous avais complètement oublié en réalité… Vous êtes une véritable plaie, quand vous buvez… »

Jensen n'avait plus la moindre idée de l'état lamentable dans lequel il s'était retrouvé avant de se réveiller dans un salon inconnu. Il se souvenait simplement avoir passé sa première soirée à Hollywood depuis un certain temps déjà, ou du moins une partie, dans un bar en compagnie de quelques verres d'alcool. Le reste, il l'avait probablement laissé au fond de sa bouteille de whisky. Fort heureusement pour lui, ou alors fort malheureusement, Evie avait été témoin du spectacle déplorable et était là pour lui rafraichir la mémoire.

C'est avec un faible sourire qu'Ackles s'approcha du comptoir de la cuisine, s'arrêtant à quelques centimètres de ce dernier. Son sourire s'effaca aussitôt que la jeune femme s'attaqua à son sex-appeal, le comparant avec son personnage : Dean Winchester. Cependant, un sourire déchiré entre amusement et interrogations apparut sur ses lèvres sèches. Il comprit à ses paroles que la soirée avait été désastreuse, et que sa rencontre avec la jolie brune de Lost aurait pu se passer beaucoup mieux dans d'autres circonstances. Visiblement, elle avait été, et était toujours écoeurée par l'attitude qu'il avait du adopter précédemment. Il avait, en effet, reconnu instantanément Evangeline Lilly. Il se doutait désormais avoir abusé, même s'il ne savait toujours pas l'ampleur des dégats que l'alcool avait laissé derrière lui.

« Je passe sans doute mieux à l'écran. », Répondit-il, tentant de briser la glace. Il haussa les épaules, pas très convaincu par sa réponse, et préféra poser son regard sur le comptoir où Evie avait posé une tasse de café à son attention. Il s'installa sur le tabouret et releva les yeux vers elle lorsqu'elle reprit la parole.

« Je suppose que j'ai surrestimé la puissance et l'effet de l'alcool sur ma personne... Je ne me souviens absolument de rien. Mais il ne faut pas être très mâlin pour imaginer ce qu'à pu être ma soirée... Et la vôtre... », Répliqua-t-il avec diplomatie, tentant de ne pas s'enfoncer d'avantage. Il avait du en faire voir de toutes les couleurs à la pauvre Evie. Une once de honte pouvait se déceler dans son regard, qui se posa aussitôt à nouveau sur le comptoir, glissant vers la tasse de café. Son embarras était d'autant plus présent que ce qu'il voulait en montrer. Il redressa cependant la tête, et posa son regard vert dans celui de la magnifique femme qui se trouvait face à lui. Elle ne le laissait certes pas indifférent, malgré son état vaseux.

« ...Merci beaucoup pour le café. Et surtout d'avoir été mon ange gardien pour quelques heures. Je... Merci. », Se contenta-t-il de dire doucement, alors qu'il aurait voulu en dire certainement plus. Il aurait aimé lui dire qu'il s'était comporté comme un imbécile, qu'il ne pouvait s'empêcher de noyer ses moments de chagrin dans l'alcool, mais le principal était fait : il l'avait remerciée, même s'il n'avait aucune idée du moment qu'avait passé Evie avec lui, ce qu'elle avait subit, et quel effort monstrueux elle avait fourni pour le sortir d'une situation qu'il était bien heureux d'ignorer. Après tout, elle devait être une personne bien merveilleuse pour avoir aidé un inconnu complètement ivre.

L'acteur but une gorgée de son café, resta silencieux pendant un instant, espèrant intérieurement qu'Evangeline ne s'arrête pas à l'image grossière qu'il avait laissé de lui en cette soirée malsaine. Il espèrant également qu'elle ne lui en dise pas d'avantage. Un fin sourire enfantin vint cependant rompre la mélancolie qui s'était installée. Il lança alors d'un ton un peu plus joyeux, tandis qu'Evangeline continuait la préparation de pancakes:

« Je suppose que je ne mérite pas de pancakes...? »

Le grésillement de la pate sur la surface chaude de la poêle. Evangeline adorait les pancakes. Elle adorait les préparer, les faire cuire et surtout, les manger. Les canadiens avaient une technique très spéciale en ce qui concernait la préparation de ces petites merveilles. Généralement, Evie y ajoutait un ingrédient très spécial qu’elle ne révélait jamais à personne, avec un soupçon de sirop d’érable. Elle se plût à plonger son index dans le liquide compact afin d’en vérifier le goût alors que Jensen baragouinait des paroles incompréhensibles. Elle lui jeta un regard neutre et c’est sans ajouter le moindre mot qu’elle retourna à ses fourneaux. Il devait se sentir incroyablement gêné à en croire le silence qui régnait dans la pièce. Evangeline avait un peu honte : qui était-elle pour le juger ? Et puis, elle ne lui en voulait pas vraiment. Si elle n’était pas tombé sur lui, elle serait très certainement rentrée chez elle et elle aurait du subir les hurlements de Dominic.

Elle posait la quatrième crêpe sur une assiette lorsque Jensen prit de nouveau la parole. Cette fois-ci, elle ne resta pas de marbre et se tourna franchement vers lui. Il lui présentait des excuses. La scène était plutôt étrange : lui était assis, tel un enfant prit sur le fait, et il présentait des excuses à une femme qui se prenait pour sa mère alors qu’elle le connaissait à peine. A dire vrai, son cœur s’emballait à mesure que le temps passait et qu’il planta son regard vitreux dans le sien. Elle ne le blâmait plus : elle se contenta de lui adresser un doux sourire. Puis, sans un mot, elle repartit à la préparation de ses précieuses crêpes… « Je suppose que je ne mérite pas de pancakes...? » A ces mots, Evangeline se retourna, le visage étonnamment choqué et c’est en pointant sa spatule vers Jensen qu’elle prononça enfin ses premières paroles comiques de la journée.

« Vous êtes culotté quand même, vous ! »

Tirant d’un placard le sirop d’érable et un œuf, elle retourna le pancake qui était en cours de cuisson et dans une assiette, elle prépara les quatre premiers pancakes. Elle sortit également son pot de Nutella et, entre chaque pancake, elle appliquait une fine couche de chocolat. Lorsque le travail fut terminé, elle se décida à faire couler artistiquement le sirop d’érable sur les crêpes encore chaudes. « Je suis canadienne et comme tout canadien qui se respecte, je mange mes pancakes d’une manière bien précise… vous allez devoir vous y faire ! » Elle cassa l’œuf dans l’évier et déposa le jaune au centre du coulis de sirop d’érable qui était au sommet de cette montagne de sucre.

« Et ne vous inquiétez pas pour hier… J’ai du être un St-Bernard dans une autre vie… » Elle sortit l’énorme bouteille en plastique de jus d’orange et déposa l’assiette et les couverts devant Jensen, le jus d’orange en plein milieu du bar. Elle oublia de lui sortir un verre, le pancake cuisant réclamant alors toute son attention. Oui, de temps à autre, Evangeline Lilly avait l’habitude de se taper des tripes hallucinogènes où son pancake lui parlait et hurlait de douleur dans la poêle… « Pour vous punir, je vous condamne… à… Laissez-moi réfléchir… » En déposant le pancake sur une nouvelle assiette, elle se mit à tapoter son menton avec le manche de sa spatule. Son air excessivement sérieux était assez amusant, pour le coup…

« Qui vous dit qu’ils ne sont pas empoisonnés ? » Lança Evangeline en jetant un regard odieusement neutre à Jensen alors qu’il lorgnait sur son assiette. Sans plus attendre, elle termina la pâte qui stagnait encore au fond de son saladier et laissa l’acteur dans son coin. Elle adorait faire la cuisine mais c’était une tache qui, certaines fois, l’ennuyait à cause de la chaleur qui se dégageait des plats. Elle espérait qu’il ne ferait pas trop chaud aujourd’hui sur L.A. Alors que les quatre derniers pancakes doraient comme des pilules, Evie commença à se préparer sa propre assiette et réitéra l’action qu’elle avait effectuée quelques instants plus tôt pour l’assiette du blond.

« Vous êtes mariée? »

Autant dire qu’Evangeline ne remarqua même pas l’arrière pensée de Jensen par cette question ‘indiscrète’. Cela faisait un moment déjà qu’elle s’était installée dans sa relation de couple avec Dominic et elle ne faisait même plus attention aux autres hommes. Monotonie, quand tu nous tiens… « Non, pas encore » Déclara-t-elle d’une voix étrangement calme. Evangeline présentait son dos à Jensen et ainsi, il ne pouvait pas remarquer la tristesse qui se lisait sur son visage. Elle soupira silencieusement et c’est en récupérant un sourire odieusement poli qu’elle termina la cuisson des pancakes et vint s’installer face au jeune homme. Les verres, les confitures et quelques petites cuillères l’accompagnèrent rapidement et furent déposer sur la table près du café, du lait et du jus d’orange.

Elle commença à découpé un morceau de son gâteau-pancakes et ainsi, elle détruit la bulle du jaune qui s’effila un peu partout sur l’épaisse crêpe du dessus et écraser sa couleur poussin sur le bleu marine de son assiette. Avant de gober le morceau de quatre pancakes empilés et chocolatés, elle lui retourna la question. « Et vous ? » Les papilles d’Evie s’éveillèrent lorsque les précieux délices sucrés vinrent se loger dans bouche. C’était étrange mais elle n’avait pas honte d’être installée devant Jensen vêtue uniquement de sa robe de chambre qui s’arrêtait au niveau de ses genoux, qui cachait la vue de l’une de ses nuisettes fétiches. Ses cheveux en bataille avaient été attachés à la va-vite et son visage du matin devait être effrayant à faire peur.

Sans doute parce qu’elle l’avait vu complètement bourré et qu’à présent, elle considérait comme l’un de ses vieux amis. La canadienne avait une drôle de façon de penser mais si elle vous voyait dans l’un de vos pires moments, alors elle ne se gênait pas pour paraître le plus naturel possible. C’était donnant-donnant, comme on disait. « Marié non… mais vous devez un sacré harem à travers tout le pays ! » Disait-elle en dirigeant le manche de sa fourchette vers le jeune homme comme une maitresse dirigeait sa baguette vers son élève comme pour l’interroger.

Jensen fronça les sourcils en une moue hilarante lorsqu'Evie annonça que les pancakes étaient peut-être empoisonnés. Cependant, il ne répliqua rien, se contentant de plaisanter intérieurement. Même si Evie était une meurtrière honnête, mourir en mangeant des pancakes était une mort honorable. Hum...

A son grand étonnement, l'actrice garda son calme et répondit à sa question. Elle n'était pas mariée, pas encore. Il en conclut qu'elle n'était tout de même plus célibataire. Il se contenta d'adresser un sourire à peine visible au dos d'Evangeline. Cette dernière ne tarda pas à le rejoindre, s'installant face à lui. Ackles se mit alors déguster les pancakes. A la première bouchée, il ferma les yeux avant de laisser échapper un petit 'Mh...' de satisfaction. Ses pancakes étaient... Simplement succulent. Délicieux. Merveilleux. En résumé, il adorait, et la satisfaction pouvait se lire clairement sur son visage. Il fut cependant interrompu par Evie qui lui retourna sa précédente question. Il porta un nouveau morceau de pancakes à ses lèvres, le savoura avant d'enfin daigner répondre, mais la jeune femme avait été plus rapide. Elle conclut qu'il n'était pas marié, mais qu'il devait avoir tout un tas de femmes lui courant après. Un sacré harem. Il ne put s'empêcher d'émettre un petit rire amusé, tandis qu'elle pointait sa fourchette vers lui, d'un ton quasi accusateur. Cependant, il sembla vexé un court instant, mais il laissa rapidement place à un sourire courtois.

« Et bien... Je ne dirais pas que je possède un harem à travers tout le pays. Je dirais plutôt que je me contente de relations à courte durée pour l'instant, parce que je n'ai toujours pas trouvé la perle rare. Et en attendant, mon pouvoir de séduction n'opère que sur des fans hystériques qui m'idolâtrent, et je n'en abuse certainement pas. Dans le monde réel, je ne suis qu'un homme comme les autres. »

Il haussa les épaules avant de se remettre à se repaître, à savourer les incroyables pancakes d'Evangeline. Il resta silencieux pendant tout le long de sa délectation. Lorsqu'il eut fini, il plongea son regard dans celui d'Evangeline, brisant le silence d'une bien drôle de manière :

« Si vous faîtes aussi bien l'amour que les pancakes, je vous épouse sur le champs. »

Peut-être avait-il dépasser les limites cette fois-ci? L'humour de Jensen pouvait parfois être inopiné et de mauvais goût. Il avait dit celà à Evangeline, comme s'il parlait à l'un de ses amis. Il avait pensé tout haut, et ne sembla pas le moins du monde gêné par sa réflexion. Aussi bien qu'il ne lâcha pas l'actrice du regard, et qu'il ajouta franchement :

« Mais il y'a le futur époux. Et comme je suis un être civilisé, je préfère vous demandez d'oublier ce que je viens de dire. C'était totalement... Impoli. Même si je le pensais... »

Il s'attendait évidemment à une réaction hostile de la part de l'actrice. Il aurait véritablement mérité une baffe. Il en avait déjà fait les frais à plusieurs reprises. Sa franchise lui avait déjà coûté de nombreuses réactions scandalisées, et de nombreuses marques sur la joue.

Evangeline aimait bien ce type au final. Même s’il avait des antécédents d’ivrogne, elle trouvait que c’était tout à son honneur de ne pas s’être juché sur un piédestal comme d’autres personnalités qui ne pensait à rien d’autre qu’à leur image et à leur place dans le monde sans pitié des stars. Elle avouait ne pas être normale mais elle le regrettait certaines fois. Ca lui manquait de ne pas pouvoir se rendre à l’épicerie sans qu’on la remarque mais d’autres jours, elle adorait ça. Elle lui adressa un doux sourire lorsqu’il sembla contenter par ses pancakes et elle en avala à son tour un autre morceau. Avec Jensen dans ses pattes, la journée repos allait devoir être renvoyée au placard. Mais le regrettait-elle réellement ?

« Si vous faîtes aussi bien l'amour que les pancakes, je vous épouse sur le champ. »

Ressemblant à un hamster avec ses joues gonflées par la fourchette qu’elle venait de gober, elle jeta un regard étonné à Jensen. Les yeux grands ouverts et la bouche remplie, la jeune femme avait plus l’air d’un ballon que d’une jeune fille à marier. Elle s’étouffa à moitié, mâchant avec difficulté les pancakes qu’elle tentait d’avaler. Lorsque la torture passa à l’aide de la longue gorgée de jus d’orange qu’elle buvait à même le goulot, Evie se demanda comment réagir. Il s’excusa pourtant de l’énormité qu’il venait de lui sortir et ses derniers mots la laissèrent hilares.

Elle éclata d’un rire qu’il lui était impossible d’arrêter. Et quel rire mes aïeux. Le vrai, celui qui venait du cœur mais qui n’était pas spécialement folichon : elle avait toujours l’impression que ce rire là allait la tuer tellement son pouvoir bloquait son très cher diaphragme. Rappelons aussi la mort qu’elle venait de frôler avec ses pancakes tueurs et vous pourrez alors deviner la douleur qui prenait la jeune demoiselle. Elle fendait l’air à l’aide de sa main gauche afin de s’excuser auprès de Jensen. Ce type ne la connaissait même pas et il réussissait à lui tirer un fou rire du diable. Cela faisait longtemps qu’elle n’avait pas rit avec bon cœur, comme ça. Elle se doutait de son étonnement et elle ne le plaindrait pas s’il pensait qu’elle se moquait de lui. Merde, quels fous rires ils devaient y avoir sur le tournage de sa série.

« Ca… me flatte énormément ! Heureusement que Dominic n’est pas là pour vous entendre, sinon vous n’auriez jamais eu l’occasion de vérifier vos dire… »

Elle stoppa son rire après ce qu’elle venait de dire. Voilà qu’elle se mettait aux joutes verbales salaces. Grand dieu, elle devait appeler Josh aujourd’hui et lui dire qu’elle avait enfin réussit à redevenir la fille lors des débuts de LOST, cinglée à souhait. Pour ne pas laisser planer un malentendu, c’est avec une mine assurée qu’elle lui lança « Vos chances de procréer auraient été réduites à zéro si tel avait été le cas! » Elle croisa ses bras et en approuvant de la tête ses paroles, elle ajouta « Vous imaginez en monde sans mini-Jensen ? Ce serait une dimension triste et vide de sens pour toutes les petites filles de la future génération… Ah moins que vous nous pondiez un horrible petit coureur de jupons boutons… » Le visage sculpté théâtralement d’horreur, elle continua « Si vous voulez, je connais un bon psy qui pourrait vous préparer à ça… »

Les propos du jeune homme étonnaient Evangeline. C’était bien la première fois qu’elle entendait un homme réclamer une petite fille pour premier enfant. D’habitude, ils ne cessaient de répéter qu’il voulait une copie d’eux-mêmes. Rares étaient ceux qui souhaitaient voir en leur progéniture la femme de leur vie. Elle avala quelques morceaux de ses pancakes encore et c’est après s’être servie à son tour un jus d’orange que Jensen lui demanda le chemin de la salle de bain. Elle pinça ses lèvres alors qu’elle évaluait avec tout le sérieux qui lui était donné la carrure de l’acteur. Dominic était beaucoup plus petit et un peu plus frêle. Il ne portait sans doute pas la même taille et c’est avec une mine désolée qu’elle allait conseiller de remettre ses habits de la veille lorsqu’une idée de génie lui vint à l’esprit.

« Pas de problème, Oncle Sam m’a fait promettre de vous aider à sortir de la débauche en vous croisant cette nuit… » Lança-t-elle avec un sourire amusé aux lèvres. Elle se leva, abandonnant son assiette sur le bord du bar et elle lui demanda de la suivre à l’étage.

Elle ne savait pas à quel point elle pouvait être proche de la situation. Elle ne savait que Jensen avait un sérieux problème de boisson. Elle buvait bien de temps à autre jusqu’à se retrouver au-dessus de la cuvette. Et puis, il avait l’air d’être réfléchit, elle ne le pensait pas à ce point au fond du trou. Enfin, elle grimpa deux à deux les marches pelotonnée et avançait d’un pas déterminé vers la salle de bains. Jensen devait traînasser un peu car elle n’entendait pas ses pas sur ses talons. Arrivée devant une porte immaculée, où une petite pancarte ‘salle de bains’ avec une sirène dans la baignoire était accrochée, elle l’ouvrit en grand et ouvrit les placards afin de sortir une grande serviette et une petit ainsi que tout ce dont Jensen aurait besoin d’utiliser avant de sortir de la salle de bains.

Evie commença à faire demi-tour lorsqu’elle manqua de bousculer Jensen qui venait tout juste d’atteindre le seuil de la pièce. Elle lui adressa un sourire d’excuse avant de se faufiler par le petit passage qu’il avait laissé ouvert. Avant de repartir, elle se retourna vers lui et en commençant à marcher à reculons, elle lui lança « J’ai toujours eu la manie de piquer les vêtements de mes amis, mes collègues de LOST, et j’ai deux trois bricoles qui pourraient vous aller. Prenez votre temps, le temps que je les retrouve… vous aurez le temps de faire de fois le tour de votre corps avec le papier toilettes… » Elle se mit à sourire bêtement de la connerie incompréhensible qu’elle venait de dire puis elle se mit de nouveau dans le sens de la marche pour se diriger vers le dressing qui était près de sa chambre. Elle entra et se mit à chercher dans toutes les armoires lorsqu’elle entendit le bruit de l’eau s’écouler dans sa douche italienne. Dire que les vêtements volaient dans la penderie était un tout petit petit euphémisme…