Ce matin, je ne me trouvais pas dans un studio de tournage, comme d’ordinaire, mais bien dans un studio de photographie. Depuis quelques mois à présent, je tournais la suite du film à succès Twilight, New Moon. Ce dernier devrait sortir en novembre dans les salles, après quoi nous enchainerions, moi et les autres acteurs, désormais mes amis, sur le troisième volet. Cependant, entre le tournage de deux scènes, la promotion commençait déjà. Enfin, promotion, si l’on pouvait appeler cela comme ça ; nous passions, chacun notre tour, quelques jours dans le studio de photographie d’Hollywood, pour la prise de clichets qui seraient de futurs affiches du film ; des photoshoots, en gros. Je passais ma main dans mes cheveux, coupés courts et hérissés en pointe sur le derrière. Je ressemblais à un petit lutin, coiffé ainsi. J’aimais beaucoup le personnage d’Alice Cullen, qui tenait une plus grande place dans New Moon que dans Twilight ; ce qui était à mon avantage et qui n’était pas sans me ravir. Dans New Moon, Robert serait moins présent, au contraire de Taylor, qui lui deviendrait un personnage clé de l’histoire. J’avais été heureuse de passer le casting pour jouer Alice, et très heureuse de décrocher le rôle ; ma carrière avait décollé. J’aimais particulièrement le caractère et le style vestimentaire d’Alice ; en grande adepte de shopping, je pouvais porter de beaux vêtements et rester coquette même en faisant mon métier. Aujourd’hui, pour mes photoshoots, je portais un pantalon slim noir, un haut rose (Alice était une fervente admiratrice de la couleur rose), et des chaussures à talons aiguilles (ça aussi, Alice en raffolait). Je posais devant l’objectif, révélant mon côté vampirette sombre, sous le regard appréciateur et les exclamations enjouées du photographe des stars.

« Génial, Ashley, oui, super ! Allez, fais ta méchante, montre tes dents… Tu es Alice Cullen, tu es assoifée, tes iris sont noirs de soif, c’est ça, génial ! »

Je m’amusais bien, à faire des photoshoots ; c’était une autre partie du métier qui me plaisait. Ayant été mannequin dans mon adolescente, je m’y connaissais dans les poses et les regards, et mon aisance prouvait ma non-ignorance dans ce domaine. Je me tournais, à gauche, à droite, croisait les bras, les décroisait, souriait, montrait les dents, levait le menton, baissait la tête, au rythme des instructions que donnait le photographe.

C’était incroyable, tout de même. Ce devait être le destin, la chance ; une incroyable chance, un incroyable destin. Il ne pouvait en être autrement. La vie faisait tellement bien les choses, parfois. Nous nous étions rencontrées alors que nous étions âgées d’une quinzaine d’années toutes deux, et que nous débutions dans le mannequinat. Nous étions devenues de très bonnes amies, copines d’objectif, sœurs de photoshoots, mais nous nous étions perdues de vue après que je dédice de me consacrer à mon métier d’actrice. Je n’avais pas réellement coupé les ponts, mais ne nous voyant plus à l’agence de models, nous avions cessé de nous cotoyer. Et là, on se revoyait, quelques années plus tard, dans un studio de photographie. C’était tout bonnement hallucinant. Nous fîmes encore quelques poses, sous le regard approbateur du photographe. Des poses sensuelles, digne de véritables lionnes. Des poses plus douces, plus sucrées. Enfin, le flash final. Le photographe posa son appareil, nous remerciant pour la qualité des photos et de notre prestation, tandis qu’Adriana lui rendait la pareille, le remerciant pour son talent de photographe, et bla, bla, bla. Alors, nous nous retrouvâmes un peu seules toutes les deux. Nous avions tellement de choses à nous dire, après tant de temps séparées l’une de l’autre. C’était incroyable, elle n’avait pas changé. Enfin, si, bien sûr, Adriana était devenue plus grande, plus mature, mais elle restait tout aussi belle. Et, évidemment, elle était encore mannequin, ce qui n’était pas une surprise. Déjà à l’époque, elle aimait poser devant l’objectif.

« Alors comme ça on se retrouve ? Tu vois, je t'avais bien dit qu'on était faites pour se connaître ! »

Oui, on devait être faites pour se connaître, c’était sûr. C’était hallucinant, tout de même. Le destin faisait bien les choses. Se perdre pour se retrouver, c’était quelque chose de formidable, de magique. J’étais encore surprise de voir Adriana plantée devant moi, et j’étais à deux doigts de me pincer, comme pour effacer une chose qui n’aurait pas pu être réelle, comme pour quitter ce rêve, qui, j’espèrais, n’en était pas un.

« Je n’en reviens toujours pas que tu sois là, devant moi ! C’est carrément magique ! Mes yeux brillaient d’excitation. Ouais, on est faites l’une pour l’autre. Nos vies sont entremélées, c’est ce qu’on désirait finalement, non ? » Dis-je avec un sourire, tout en citant un passage de Revelation, le dernier tome de la saga Twilight. Je me demandais si Adri ferait le rapprochement.

Oui, franchement, qui ne connaissais pas Twilight ? Enfin, il y a quelques mois, personne n’aurait su la signification du mot « Twilight » ; qu’était-ce ? Une nouvelle marque de lessive ? Le dernier magasine de mode ? Un plat surgelé ? Tout le monde vous aurait regardé avec des yeux ronds, la mine déconfite, pour avoir prononcer les mots Twilight, saga de 4 tomes, vampires, Bella, Edward ou Stephanie Meyer. Aujourd’hui, tout le monde ne jurait plus que par Twilight (dont la prononciation variait de « Touaïlaït » à « Touiliaït » selon les personnes. Autant dire que pour moi, la bonne était la première) Finalement, ç’avait du bon, ce soudain engouement pour la saga de livres comme pour le film, mais j’en avais parfois quelque peu marre que certaines personnes considèrent Robert comme un dieu (ok, il était beau, mais pour moi c’était un très bon ami), ou s’extasient devant lui « mords-moi beau vampire » (he is human, you know ?). Enfin bref.

« Heureusement que tu connais ! Dis-je en lui donnant un léger coup de coude suivit d’un clin d’œil. Alice est aussi un de mes personnages préférés, ça va de soi (a) Mais merci du compliment. Oui, c’est sûr que ça m’a permis de rencontrer mon Jackson… »

Oui, l’aventure Twilight (qui n’était pas prête de s’arrêter), m’avait permis de rencontrer celui que je considérais comme l’homme de ma vie : Jackson Rathbone. Ormis cela, Adriana avait sûrement noté que je connaissais certaines répliques clées des livres, même si celle-ci était prononcée par Jacob. En commençant le tournage, j’avais eu la folle envie de lire les livres, et je les avais dévoré les uns après les autres, complètement captivée. Stéphanie (Meyer) s’avait écrire, aucun doute la-desus. Alors, on se fit littéralement sortir de l’espace de photoshoots « dégagez les minettes, vous bloquez l’objectif ! » (quelle malpolitesse !), et Adriana m’emmena vers sa loge. J’ouvris des yeux ronds comme des secoupes (a) en découvrant la taille de cette dernière. Mince, c’était CA, sa loge ? Quel favoritisme ! Ma loge à moi était aussi grande qu’un pipi-room, tandis que celle d’Adriana semblait pouvoir abriter la maison blanche toute entière. Mince, alors.

« C’est carrément ça, ta loge ? J’étais complètement choquée. La mienne est rikiki, et regarde la tienne ! Je montrai du bras la loge d’Adri, en mouvement scandalisé. Brefouille… si c’est aussi bien à l’intérieur qu’à l’extérieur… tu me fais visiter ? » Aussitôt je pénétrais dans la loge de mon amie.